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Photo du rédacteurAnaïs

Au royaume de l'artisanat



Imaginez… une route sinueuse dans la forêt de châtaigniers et de pins. Un village perché à flanc de colline, tout de pierres grises. Voilà Sablières. De là, continuez la route, prenez l’impasse à gauche et tout au bout, vous voilà à Montségur. Un petit hameau avec quelques maisons, des châtaigniers et des terrasses cultivées au milieu des arbres.

C’est ici que vivent nos hôtes, François, Aurélia et leurs 3 enfants, Anouar, Manon et Yuri. Une petite maison accueillante, tout comme ses propriétaires !

En grimpant par-delà le potager et le verger, après avoir traversé le parc des brebis (attention de bien refermer les portes!) et écrasé quelques bogues de châtaignes, nous voilà à notre tente tipi.

Les chaleurs inhabituelles en ce mois d’octobre sont certes agréables quand on dort sous tente à cette époque de l’année mais perturbent la récolte des châtaignes. Elles tardent à tomber, la récole s’étale sur plusieurs semaines et de nombreuses châtaignes tombent avec leur bogue.


Nous voici donc équipés de gants, de chaussures de marche et de bidons pour arpenter le terrain. 2 hectares sur la propriété et 2 autres en bail agricole. Aurélia, François et Lohan optent pour les gants de jardinage, Laurent et moi pour les gants en cuir, Amaël ose le sans gants et se met en parallèle en quête de champignons ! En bons artisans, on les ramasse à la main, une par une…

Pour ceux qui ont beaucoup d’hectares, des châtaigneraies qui sont vastes et accessibles par piste, des filets sont posés au sol. Ensuite, une sorte de gros aspirateur va trier les bogues des châtaignes et plus ou moins par calibre. Mais cela nécessite aussi un tracteur et des accès.

Quand l’automne est plus avancé, la souffleuse est un équipement de base. Soulever les feuilles pour découvrir les châtaignes, sans quoi on ne les trouverait pas !




De retour à la maison, les châtaignes sont mises à sécher sur des claies sous abri, et sous serre (que Laurent a aidé François à installer). Elles doivent sécher un peu avant toute transformation. Cela permet à la première peau de se décoller plus facilement.


Une partie de la récolte partira en séchage dans une clède, une maisonnette vouée au séchage. Ces châtaignes-là sont destinées à la farine et autre transformation sèche (semoule et bris).

Les autres seront épluchées et triées par calibre et par état : les plus belles et entières seront mises en bocaux, cuites et stérilisées ; les brisures serviront à la purée (sans sucre et avec des morceaux) ou aux crèmes (avec du sucre et soit nature, soit avec vanille, cognac, poires… tout est permis!).



François et Aurélia ont encore 200kg de châtaignes de l’année passée qui les attendent au congélateur. Cela permettra de commencer la saison par de la transformation, à la CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), à Jaujac, à 1h30 de route de Montségur.


Au programme cette fois : purée châtaignes-poires, crème nature et crème au cognac.

Équipés de bottes, de charlottes et de tabliers, nous retrouvons l’ambiance de la transfo de la sauce tomate. Pendant que les châtaignes finissent de cuire, Aurélia et François préparent l’empoteuse et ses différentes étapes : les pots propres et vides sont posés sur un plateau tournant, entraînés sur le rail, un pot s’arrête pour être rempli, puis Aurélia pose un couvercle, qui est serré par la machine et repart sur un autre plateau tournant avant d´être déposé dans l’autoclave pour être stérilisé. Ça, c’est dans l’idéal. Quand ça marche. Mais aujourd’hui, ça ne veut pas marcher.


Malgré tous leurs efforts pour trouver le bugg, nos petites mains vont finir par remplacer la technologie qui refuse de jouer son rôle. Ainsi, Amaël met en place les bocaux vides ; je serai celle qui arrête les pots sous le bec verseur et les laisse repartir une fois pleins ; Aurélia gère les couvercles ; François vérifie le serrage et met dans l’autoclave ; Laurent gère le brassage de la crème pour éviter qu’elle ne sèche et Lohan arrête la machine en cas de soucis. Il nous faudra en effet de nombreuses fois l’arrêter car le remplissage n’est pas égal. Certains pots débordent tandis que d’autres ne sont pas assez remplis. Nous finissons par trouver la cadence et ramener de la légèreté dans nos gestes répétés et dans l’ambiance.

La deuxième journée, cela fonctionne un peu mieux. Les enfants s’ennuient même ! Ils passent plus de temps à dessiner…


Au final, nous aurons donc fait 582 pots de crème nature, 375 pots de crème au cognac et 464 pots de purée à la poire, deux nouveautés cette année.

Qu’il faut ensuite étiquetter ! Cela sera notre mission de la semaine suivante, avec Aurélia. Là encore, nous continuons dans l’artisanat : la colle est faite à base d’amidon de blé, les étiquettes sont imprimées maison, puis coupées et un arbre y est découpé à l’emporte-pièce. Et là enfin, nous avons le produit fini sous nos yeux.

Aurélia et François livrent principalement des AMAP en région parisienne. Et comptent sur la châtaigne pour le principal de leurs dépenses.


A côté de cela, François est luthier et Aurélia vannière. Nous avons donc le plaisir de découvrir aussi ces univers artisans. Nous commencons par la vannerie. Aurélia nous propose de faire un panier sur arceaux. Nous choisissons quelques branches de saule que nous formons en cercle et assemblons grâce à une cocarde en rotin. Ensuite, nous tressons le corps du panier avec du rotin et de petites branches d’osier. Après 2 demi-journées, nous sommes fiers de nos premières créations et heureux d’avoir plongé dans cet art.



Le mercredi, c’est journée off. Pendant que les filles partent en activités diverses et variées à travers l’Ardèche, nous explorons les environs. Visite de la Grotte Chauvet (captivant de voir ces premiers dessins, âgées de 36000 ans et la naissance de l’art !), baignade dans la Drobie, visite au séquoïa géant…


Notre départ de Montségur approche. Nous profitons encore des derniers moments avec eux, dans la confiance, le partage et les rires. Nous avons eu le plaisir de faire la connaissance de Rosie, la grand-mère d’Aurélia, venue d’Allemagne pour un mois, et qui nous a cuisiné de délicieux repas. Quel luxe d’arriver et de mettre les pieds sous la table après avoir courbé le dos pendant 3 heures de ramassage…! Et j’ai apprécié de délier ma langue et déployer mes oreilles en allemand !


Je retiens de la châtaigne cette beauté cachée sous des piquants, la patience de se former à l’abri des regards, la douceur de sa peau, et la nécessité de trouver le joyau à l’intérieur, par delà un extérieur un peu rude. Est-ce là le caractère de l’Ardèche ?! Indéniablement, il y a de quoi (ap)prendre de cela.


Merci à Aurélia, Francois, Anouar, Manon, Yuri, Rosie, sans oublier tous les animaux, de nous avoir ouvert leur porte et de nous avoir permis de plonger dans l'univers de la châtaigne, de la vannerie, du jardin quasi autonome et des jeux.



Voici leur site internet : https://www.labergerie-montsegur.com/


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5 Comments


emilyzclavien
Oct 24, 2023

Ohhh mais comme j aurais voulu être des vôtres !!

Je compte sur Amael et Lohan pour mes premiers cours en vannerie... Des becs tout plein

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cathyvial
Oct 17, 2023

Bonsoir à tous c'est marrant pour moi de te lire Anaïs car ce dimanche c'était la fête de la châtaigne à notre village. Plein de musique de stand et un beau soleil d'automne. Cette belle description de la vie à montsegur et votre récolte artisanale m'aident à mieux comprendre qui se cachent derrière tous ces pots artisanaux. Bravo pour les paniers en vannerie. On vous embrasse bien fort de Puechabon Cathy

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elodiepicard5
Oct 17, 2023

Quels belles créations en vannerie !

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micheleclavien
Oct 17, 2023

Coucou Anaïs!

Je lis toujours avec beaucoup de plaisir tes excellentes « chroniques » de voyage. Je suis impressionnée par la quantité de possibilités de traiter un produit. Demain nous irons manger une brisolée à la valaisanne et je regarderai les châtaignes avec un autre œil , mais surtout je penserai à vous et au travail de déboggage, parfois si douloureux …

J’espère que tout se passe toujours bien pour vous et je me réjouis déjà des prochaines narrations.

Je vous embrasse +++ 🥰

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Isabelle Alborghetti
Oct 15, 2023

Merci Anaïs de nous décrire vos activités au royaume de la Châtaigne ! 🙏🏻 Que cela est passionnant !

Nous apprenons beaucoup en même temps que nous voyageons avec vous !

Belle continuation et nous réjouissons de découvrir vos prochaines aventures! 🌸

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